Édito

Pour Christine Laurent, réalisatrice et scénariste

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Témoignagnes de Cécile Vargaftig et Camille Grangé, scénaristes. Le SCA s'associe à la peine de la famille de Christine Laurent et de ses proches.


"Christine Laurent vient de nous quitter. C’était un être rare. Avant de la rencontrer, je l’avais découverte en 1985 par son merveilleux film "
Vertiges", dans lequel Magali Noël et Kristina Janda, chanteuses d’opéra, affichaient leurs féminités libres et puissantes. L’année suivante, Christine était membre du jury du concours d’entrée de la Femis et je me souviens encore de son regard encourageant. Quinze ans plus tard, elle était ma « marraine » pour une aide à la réécriture du CNC. Son intelligence, sa sensibilité, sa bienveillance, et sa joie du partage nous avaient accompagnées tout au long du travail.

Il y a cinq ans, elle a fait partie des tous premiers adhérents du SCA. Je me souviens de son enthousiasme à la première assemblée générale, de sa passion, de son désir de transmettre. Quand nous avons mis en place le principe des parrainages/marrainages du SCA, elle a été la première à se porter volontaire. 

Christine avait le courage, l’audace, et la singularité des femmes de sa génération qui sont parvenues à réaliser des films. Elle a fait six longs-métrages. A quand un coffret DVD ? Une rétrospective ?

Elle a aussi été scénariste, et oeuvré, aux côtés de Pascal Bonitzer, à l’écriture de neuf films de Rivette. La encore l’expérience était audacieuse : écrire le film sur le plateau, au jour le jour, du taillé sur mesure pour les acteurs, les lieux, la mise en scène.

Nous sommes nombreuses et nombreux à avoir croisé Christine tout au long de sa vie, et à avoir apprécié sa générosité, son humour, sa passion du cinéma, sa liberté, son gout des autres. Mais aujourd’hui, c’est son audace que je retiens surtout. Une audace féminine et féministe, une audace joyeuse, amoureuse, amoureuse du cinéma comme de la vie. 

Il y a deux ans, elle m’avait fait lire un de ses scénarios, qui était tout simplement extraordinaire. Aujourd’hui je suis bien triste. Elle ne fera pas ce film et nous ne rirons plus ensemble."


Cécile Vargaftig pour le SCA
Transatlantique, Call me Agostino et Demain ?, réalisés pas Christine Laurent

« C’est avec une grande tristesse et beaucoup de frustration que j’ai appris le décès de Christine Laurent. 

En effet, j’ai eu le privilège de la rencontrer en septembre 2021 grâce au programme de marrainage du SCA et depuis, nous nous retrouvions régulièrement chez elle, en voisines du 10ème arrondissement. C’était pour moi le début d’une relation amicale encourageante qui boostait ma créativité et que j’imaginais pouvoir se poursuivre longtemps.

Christine était la passion incarnée. Elle lisait énormément, avait beaucoup voyagé, beaucoup aimé et beaucoup travaillé - comme réalisatrice, comme scénariste, comme costumière et scénographe. C’est avec émotions et précisions, en conteuse, qu’elle partageait généreusement ses expériences.

Résolument anti-fasciste et humaniste, elle s’emportait volontiers, alarmée par la situation politique actuelle.

Exigeante et enthousiaste elle témoignait des mêmes qualités pour relire les scénarios que je lui soumettais. Et elle savait aussi, à mon grand étonnement au vu de son expérience, être attentive à mes retours de lectures sur son travail.

Christine était libre et vivante. Vibrante.

La maladie est venue tout gâcher. Christine s’en est allée mais ses films restent. Ils sont accompagnés de cahiers d’images et de dessins. 

Oui, vraiment, à quand une rétrospective ? »

Camille Grangé
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